Quel lien peut unir Henri III (1551-1589) et la plus riche héritière de France au début du XXème siècle : Marie Laure de Noailles (1902-1970) ?
Il y a des lieux, que rien ne prédestine à entrer dans l’Histoire avec un grand «H». Pourtant, il suffit d’évoquer leur nom pour que nous y associions immédiatement un personnage ou un événement marquant. Qui connaîtrait Le Clos Lucé sans Vinci, Varennes sans Louis XVI, ou Arcole sans Bonaparte…
Et puis il y a ces lieux, à qui l’Histoire se refuse. Saumane est de cette seconde catégorie. Du moins en apparence. Son récit est fait de rendez-vous manqués avec l’Histoire. Nombre de personnages célèbres ont un lien plus ou moins direct avec lui. Mais le sort s’acharne à ne faire de Saumane qu’un second rôle. Comme si le destin jouait à cache-cache avec le château.
Son évolution architecturale ne déroge pas à ce destin. Il suit un chemin invariablement chaotique au fil des siècles. Les programmes gigantesques, souvent audacieux, se succèdent sans jamais aboutir. Le donneur d’ordre suivant s’appuie sur l’ancien, sans jamais le démolir, pour adapter un nouveau projet tout autant démesuré et qui échouera également à le mener à son terme. D’où que l’on l’observe le château, impossible de trouver une uniformité de style ou d’époque. Chaque façade comporte aux moins trois ou quatre périodes de constructions. C’est cette particularité qui donne à Saumane cette forme si singulière. Un patchwork de styles s’imbriquant les uns dans les autres pour former un tout harmonieux. L’adage selon lequel « l’histoire est un éternel recommencement », s’applique idéalement à Saumane.
Le lien qui unit Saumane, Henri III et Marie Laure de Noailles est celui qui illustre le mieux cette destinée vaine et cyclique.
Ce lien se nomme Jean II de Sade. Il est le sixième représentant de la famille Sade seigneur de Saumane. C’est à lui que l’on doit les fortifications en façade Nord du château, dont le chantier débuté en 1560 durera pendant au moins 20 ans. Ce qui aurait dû être un modèle d’architecture militaire restera finalement à jamais qu’une esquisse non aboutie. Ce projet, arrêté par le pape, demeurera inachevé jusque dans la première moitié du XXème siècle. Et encore, la toiture du bastion ouest ne sera finalement achevée qu’en 2015. Voyez come le destin s’amuse à Saumane.
(Crédit : Charlotte Huon de Kermadec – Bastion Nord-Ouest inchangé depuis 1580)
Mais revenons à Jean II. L’histoire a oublié son nom. Pourtant les chroniqueurs de l’époque le décrivent comme le serviteur fidèle de quatre Rois Fervent catholique, il est un personnage influent de la cour des Valois dont il est « premier président et chef en sa cour de comptes, aides et finances de Provence et garde des sceaux de Sa Majesté en sa chancellerie dudit pays ». Voilà comment, Jean II de Sade, se verra confié par Henri III dans les années 1580 le soin de l’aménagement des jardins royaux de la ville d’Hyères.
Hyères, c’est la ville ou Marie Laure de Noailles recevra en cadeau de mariage un terrain sur lequel avec son mari ils feront élever une villa devenue célèbre : la villa Saint Bernard. A l’image de la forteresse de Saumane, les plans de cette villa sont très novateurs pour l’époque. Et sa conception et si ardue qu’elle nécessitera quatre architectes successifs, dont Le Corbusier.
Outre ces deux points communs, le parallèle avec Saumane ne s’arrête pas là. C’est quasiment à la même époque que monsieur Crozet, propriétaire du château de Saumane, s’attèle à la finition du bastion resté inachevé depuis 1580, date ou Jean II de Sade se voit chargé de l’aménagement des jardins d’Hyères.
(Crédit : Famille Crozet – Bastion Nord-Est vers 1930-40)
Voilà comment le destin s’amuse du château de Saumane. Son histoire Traverse les époques pour nous ramener sans cesse à son au point de départ. Cette anecdote vous parait tirée par les cheveux et quelque peu ténu. C’est probablement parce que j’ai omis un petit détail. Marie Laure de Noailles est la descendante directe d’un personnage célèbre que l’histoire a tenté, lui aussi de faire disparaitre, avant de le faire renaitre : un certain Donatien Alphonse François de Sade, plus connu sous le nom du Divin Marquis(1).
Cette destinée incroyable aurait pu s’arrêter là. Mais elle a choisi de rebondir à nouveau. Pour connaitre la suite de cette histoire Retrouvez nous demain, à partir de 12h00.
En attendant voici un indice…
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(1) Ascendance de Marie Laure de Noailles
Marie Laure de Noailles, fille de:
Marie Thérèse Anne Josèphe Germaine de Chevigné, fille de :
Laure Marie Charlotte de Sade, fille de :
Marie Antoine Auguste de Sade, fils de :
Donatien Claude Armand de Sade, fils de :
Donatien Alphonse François de Sade
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Ou alors partez à la recherche de l’âme du Saumane...