Bien avant de devenir un mouvement d’émancipation des mœurs, le libertinage est un mouvement de libération des esprits terriblement subversif puisqu’il remet en question l’existence de Dieu, la légitimité des rois de droit divin et tous les dogmes de la religion, de la morale et du pouvoir absolu. L’exposition déploie d’emblée « L’éventail des libertinages », conduisant le visiteur du « libertinage d’esprit au libertinage des mœurs » à travers un ensemble de textes subversifs parmi lesquels le Decameron de Boccace, les Pensées de Pascal, le Dom Juan de Molière, les Contes et nouvelles de La Fontaine, Les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de J.-J. Rousseau.
Le libertinage au temps de Sade est également abordé à travers des lettres et œuvres de Crébillon, Casanova, le Chevalier d’Eon, Restif de la Bretonne, Choderlos de Laclos, Mirabeau… Puis, une place toute particulière est consacrée au Marquis de Sade et à son œuvre majeure, Les 120 journées de Sodome ou l’École du libertinage : le rouleau autographe sur lequel a été rédigé ce roman qui continue à faire scandale, est exposé pour la première fois en France. Plusieurs lettres de Sade, à sa femme, à sa belle-mère, à son avocat, à une actrice… sont en outre présentées autour du rouleau, et permettront de mieux cerner ce personnage si énigmatique et tant controversé.
Les deux dernières parties de l’exposition mettent en lumière la réhabilitation du Marquis de Sade et de son œuvre, ainsi que l’évolution du libertinage au XIXe et au XXe siècles, du romantisme au surréalisme en passant par l’existentialisme. Plus de 120 pièces exceptionnelles, lettres et manuscrits autographes, éditions originales et livres illustrés rares et précieux, dessins, photographies… jalonnent l’exposition Sade : Marquis de l’ombre, prince des Lumières – L’éventail des libertinages du XVIe au XXe siècle.