Alors que l’on célèbre cette année le bicentenaire de la mort du Marquis de Sade (1740-1814), l’Institut des Lettres et Manuscrits expose pour la première fois en France l’une des œuvres les plus décriées de la littérature française : le rouleau autographe des 120 journées de Sodome ou l’École du libertinage.
1785. La Bastille. Le Marquis de Sade entreprend la mise au net des brouillons des 120 journées de Sodome sur un rouleau de papier mince. Chaque soir, pendant trente-cinq jours, entre 19h et 22h, entre le 22 octobre et le 28 novembre 1785, il recopia ses brouillons sur 35 lés de papier de 11 centimètres de large, certainement fournis par son épouse. Il assembla ces feuillets en les collant bout à bout jusqu’au point d’assembler un rouleau de 12 mètres de long, et il continua son récit en recouvrant le verso du manuscrit d’une écriture fine et difficilement lisible, sans aucune rature. Le rouleau, à la manière des codex de Léonard de Vinci, fut dissimulé, protégé par un étui de cuir, glissé entre deux pierres de la cellule de l’écrivain.
Le 2 juillet 1789, « il s’est mis hier à midi à sa fenêtre, et a crié de toutes ses forces, et a été entendu de tout le voisinage et des passants, qu’on égorgeait, qu’on assassinait les prisonniers de la Bastille, et qu’il fallait venir à leur secours » rapporte le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille. Le Marquis est alors transféré en pleine nuit à l’hospice des malades mentaux de Charenton. On ne lui laisse rien emporter.
Lors de la prise de la Bastille, celle-ci est pillée et démolie. Sade croyant que son manuscrit était perdu pleura des « larmes de sang ».
Après maintes péripéties le manuscrit est racheté par Gérard L’héritier et sera présenté, pour la première fois en France, à l’Institut des Lettres et Manuscrits à partir du 26 septembre.
Ce sera l’occasion d’admirer ce véritable trésor national.