L’université de Genève tiendra prochainement un colloque international sur « Les langues de Sade ». Il s’ouvrira le 26 février par une soirée à la Fondation Bodmer par les conférences de Mr. Berchtold et Mr. Delon et se déroulera à l’université les 27 et 28 février.
Les organisateurs de ce colloque Philippe Roger et Martin Rueff nous en disent un peu plus…
Que le libertinage soit un « fait de langage » paraît peu contestable. Sade ne fait pas exception, mais sa singularité est ailleurs : dans la coexistence de « mille autres langages » avec les langages, eux-mêmes « polychromes » (Barthes), de ses libertins. Le texte sadien en est tressé. D’où sa tension, comme d’une corde ou d’un câble. D’où aussi sa munificence : c’est d’une cornucopia que coule cette inlassable écriture. On associera dans ce colloque la question des « langues de Sade » (celles qu’il connaît, qu’il aime, qu’il pratique : le français, le provençal, l’italien) à celle des « langages » qui traversent son écriture : logique, gourmand, libidinal, esthétique, pénal, etc. Et l’on prêtera l’oreille à l’étrange phrase sadienne, à sa grammaire, à sa diction, à sa cadence, avant d’interroger, en miroir, la manière dont les langues étrangères – allemand, arabe, anglais, chinois, espagnol, hongrois, italien, japonais ou russe – s’emploient à rendre avec des bonheurs divers cette étrangeté. En quelles langues parle Sade ? Quelles langues parlent en Sade ? Comment les autres langues le font- elles parler ? Telles sont, en somme, les trois questions que nous nous poserons au cours de ces journées.