A l’occasion du Bicentenaire de la mort du Marquis de Sade, les éditions Thierry Marchaisse sortent un ouvrage Lettres à Sade.
Nos contemporains ont été invité à lui écrire, à relever le défi d’un dialogue d’outre-tombe avec ce personnage hors normes qui continue de fasciner et de déranger. Souvenirs de lecture, reproches, messages d’amour ou d’adieu, questions embarrassantes… Tout est possible, même ce qui est interdit, dans cette correspondance jouissive, où écrivains et artistes s’adressent au grand Autre des Lumières et interrogent ainsi, avec une entière liberté, les fondements de notre modernité.
Catriona Seth qui a dirigé cet ouvrage nous en parle un peu plus…
« Pourquoi des lettres à Sade ?
Avec une lettre on choisit son destinataire – et si on lui écrit, c’est qu’on a quelque chose à lui dire. Il m’a semblé que le genre de la lettre – pratiqué par Sade et les siens comme en témoignent les nombreux volumes publiés – offrirait à des hommes et des femmes de lettres de notre temps un espace de création intéressant. L’un des mots d’ordre du genre épistolaire est la liberté : la lettre peut être courte ou longue, intime ou distante, à un inconnu ou à un proche, en langage soutenu ou familier… Sade est un écrivain majeur, dont la pensée dérange encore. En lui écrivant, les 17 contributeurs ont pu s’adresser à lui pour prendre à bras le corps son œuvre, pour l’interroger, la poursuivre, la rejeter ou au contraire en remercier l’auteur.
En termes concrets, l’idée du volume a surgi – c’est approprié pour Sade – à l’occasion d’un dîner. Pierre Houdion, qui a écrit un très joli petit ouvrage fondé sur des archives du XVIIIe siècle, L’Art de nuire, avait invité son éditeur, ainsi que d’autres personnes qui avaient participé à l’existence du livre. J’ai été invitée car j’avais été l’experte externe pour l’éditeur, que je ne connaissais pas. Au dîner, je me suis retrouvée face à Thierry Marchaisse. Il m’a parlé d’un projet en cours, une série de lettres à Shakespeare pour marquer le 450e anniversaire du grand dramaturge. Je lui ai répondu en évoquant le bicentenaire Sade et en lui disant que s’il y avait un auteur auquel il faudrait adresser une correspondance, c’était bien le « divin marquis ». Il a trouvé l’idée excellente et m’aussitôt demandé de me charger du recueil.
Les correspondants sont très divers. Il y a des auteurs connus comme romanciers ou dramaturges, des gens qui ont travaillé de manière oblique ou plus directe sur Sade ou qui lui accordent un rôle important dans les évolutions de la pensée moderne… tous ont estimé qu’il y avait matière à dialogue.
J’avoue être ravie du résultat. Je ne me lasse pas de lire et de relire les 17 textes qui composent l’ensemble et je suis très heureuse de la participation d’un éventail extraordinaire d’hommes et de femmes qui ont vraiment joué le jeu et montré, par leurs textes, l’actualité des questions que posent les écrits de Sade. »
Lettres à Sade, éditions Thierry Marchaisse. Sous la direction de Catriona Seth. Parution le 7 novembre 2014.