Lorsque Jean-Jacques Pauvert décida d’éditer les oeuvres complètes du Marquis de Sade, il s’est dit qu’une telle oeuvre monumentale ne pouvait être livrée sans être accompagnée par une introduction majeure.
C’est pourquoi il demanda à Annie Le Brun de s’atteler à cette tache à la fois complexe et jubilatoire. Il s’agissait alors, en 1985, de donner des clés de lecture aux 15 volumes qui allaient suivre.
En écrivant ce « Soudain un bloc d’abîme, Sade » Annie Le Brun ne savait sans doute pas qu’elle allait écrire un livre incontournable sur le Marquis de Sade.
C’est surement l’un des livres les plus importants sur Sade depuis sa mort. Il offre une vision révolutionnaire et fondamentale des écrits de Sade.
Lire ce livre c’est découvrir l’incroyable modernité de Sade, son statut totalement à part et sa place unique dans la littérature mondiale.
Annie Le Brun nous offre là un Sade volcanique et profond, subtile et provocateur, déroutant et novateur, bref, un incroyable précurseur.
« On n’insistera jamais assez sur l’extraordinaire enjeu de la lecture de Sade.
Ce « bloc d’abîme » qu’Annie Le Brun a vu apparaître en approchant le monde de Sade, le temps qui passe le rend plus évident, dévoilant au cœur de la pensée occidentale la ténèbre infinie qui la fonde.
La « crise de l’espèce la plus grave » que le surréalisme rêvait de provoquer dans la conscience européenne, c’est en fait Sade qui l’a déclenchée, voilà plus de deux siècles Que la plupart se soient efforcés jusqu’ici de ne pas le voir, est dans l’ordre des choses, puisque c’est cet ordre des choses que Sade met fondamentalement en cause. Mais dès lors que ce même ordre des choses tend à se manifester comme le désordre des choses, ainsi que nous le voyons de plus en plus, pouvons-nous continuer de faire l’impasse sur la seule démarche qui ne paraisse pas anachronique en pareil cas ?
Aujourd’hui que l’humanisme est utilisé pour couvrir l’inhumanité des hommes, que les droits de l’homme servent à mépriser le droit des gens, que la raison s’épuise à ne pas reconnaître les monstres qu’elle a engendrés, ne sommes-nous pas tenus de nous demander, longtemps après Sade, ce qui tient encore ? »
La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres (Mallarmé)
Je n’ai lu de Sade que les « 120 Journées » qui donnent la nausée et sont terriblement répétitives comme tout ce qui concerne le sexe. Mais je ne doute pas que l’oeuvre de Sade soit intéressante et la présentation d’Annie Lebrun, que j’ai entendue à la radio, excellente. Je lirai avec plaisir son livre.